TARENTULE

Date de sortie cinéma : 21 janvier 1987
Réalisé par David Lynch - avec : Kyle MacLachlan, Isabella Rossellini, Dennis Hopper
Interdit aux moins de 12 ans
Genre : Policier , Drame , Thriller
Durée : 02h00min

Il y a quelques m ois de cela en zappant sur les chaînes  câblées j'ai revu « Blue Velvet » un film de David LYNCH. Comme d'habitude j'ai eu envie de partager les thématiques se rapportant aux déviances sexuelles.

Blue Velvet est un film à multiples facettes : thriller, comédie noire, humour absurde, film érotique et voyage initiatique ; un film troublant et malsain qui ne laisse pas insensible.

Ce film traite surtout de la découverte qu’il existe le mal sous la surface du bien : la perversion - l'érotisation du désir.

A travers le personnage de Franck - le désir est infligé à la douleur et la satisfaction de l'extrême sadomasochisme ainsi que l'existence de la sexualité infantile et les différents degrés de perversions.

Le velours bleu est un leitmotiv du film. C'est également la chanson que Dorothy chante tous les soirs dans un club .

Elle porte également une robe de velours bleu chez elle. Quant à Franck, c'est un fétichiste du velours bleu, qu'il utilise dans ses jeux sexuels pervers. Le velours bleu est le symbole des passions mystérieuses, l'obsession qui est tapit à l'extérieur des hommes.

Jeffrey Beaumont (Kyle MacLachlan), jeune étudiant, revient à Lumberton, sa ville natale, en raison du malaise cardiaque de son père. En revenant de l’hôpital, il découvre une oreille coupée qu’il apporte aussitôt à la police. A partir d’éléments que Sandy (Laura Dern), fille du policier chargé de l’affaire, a recueillis en écoutant des conversations, Jeffrey décide de mener sa propre enquête. Rapidement, il se retrouve sur la piste d’une chanteuse, Dorothy Vallens (Isabella Rossellini), qui pour d’obscures raisons semble assujettie aux fantasmes d’un pervers violent, Franck Booth (Dennis Hopper).

Les scènes où apparaissent Jeffrey et Sandy sont accentuées de dialogues insipides, cela souligne leur candeur, leur idéal, leurs rêves qui n'en reste toute fois pas absurdes. Ils ne représentent qu’un aspect de la réalité, l’autre leur étant pour ainsi dire inconnu.

Blue Velvet décrit le rite initiatique de Jeffrey aux plaisirs pervers. C'est son passage à l’âge adulte - il débute au cours de la scène ou Jeffrey s’immisce dans la chambre de Dorothy en son absence pour y rechercher des indices. Le retour prématuré de celle-ci le contraint à se cacher dans le placard, d’où il voit la chanteuse se dévêtir. (Dorothy est une beauté vénéneuse, un personnage émouvant, complexe et fascinant). Elle remarque sa présence et le force à se déshabiller sous la menace d’un couteau, quand l’arrivée d’un homme, Franck (Dennis Hopper), contraint Dorothy à cacher Jeffrey dans le placard. Le jeune homme va alors assister à une scène qui constitue la première étape de son initiation.

Jeffrey est témoin d’un rapport brutal et pervers, Franck frappe Dorothy à plusieurs reprises, « Mummy, mummy, baby wants to fuck, hurle t-il », elle est contrainte de se livrer à ce jeu sexuel. Elle en souffre profondément tout en se complaisant, par instants, dans sa violence sauvage. Son attitude avec Jeffrey avant l’arrivée de Franck montre qu’elle essaie de reproduire avec l’un ce qu’elle subit avec l’autre.

En spectateur passif Jeffrey découvre l’existence du mal et de la perversité dans le personnage de Franck, psychopathe totalement dégénéré. Mais après le départ de celui-ci, Dorothy le fait à nouveau sortir du placard – dès lors il n’est plus voyeur, il devient acteur. C’est le début de la seconde étape de son initiation. Entamant une relation tortueuse avec Dorothy (la brune, opposée à la blonde Sandy) il comprend que le mal existe non seulement chez elle, mais également en lui-même « I have your disease in me now, murmure Dorothy à Jeffrey après qu’il ait consenti à la frapper, sur sa demande ». Elle déplace son asservissement et sa dégradation par Frank sur Jeffrey en le transformant en un objet sexuel, ce qui effraie et excite Jeffrey. En jouissant de cet acte sexuel pervers il rend son enquête perverse.

Dans le film, le mal se révèle en chacun des personnages principaux (excepté Sandy et les rôles secondaires), il se transmet de l’un à l’autre et fait bel et bien parti de l’homme.

La perversion latente de Jeffrey émerge d'abord en tant que voyeuriste et plus tard comme un participant à un comportement sadomasochiste ; en aucune façon elle est comparable à la perversion sexuelle et la psychose exposées par Frank. Il est extrêmement sadique et violent, de plus il est en proie au complexe œdipe.

Le complexe d'œdipe représente 3 aspects

• L'origine de l'individu :C'est la scène primitive, qui représente la création de l'enfant par les parents pendant l'acte amoureux. Cette scène est invariablement dépeinte comme une blessure ou un viol de la mère par le père.

• L'origine de la sexualité : C'est le fantasme de la séduction, dans lequel l'enfant désire séduire ou être séduit par le parent, le parent représente l'origine du désir sexuel.

• L'origine de la différence sexuelle : C'est le fantasme de castration, il dramatise l'origine de la différence entre les sexes. La castration est généralement représentée comme la castration du fils par le père.

•  Une des scènes les plus étranges du film est lorsque Franck s'applique du rouge à lèvres puis embrasse les lèvre de Jeffrey pour qu'il en ait aussi, ensuite il le frappe et veut l'abattre. Cette scène peut-être non seulement visuellement dérangeante, elle est également une représentation fantastique de l'altération physique. Frank déplace son propre dégoût de soi physiquement sur Jeffrey en lui colorant de rouge ses lèvres. Jeffrey prend le rôle de Franck dans sa relation sexuelle dysfonctionnelle avec Dorothy.

Dorothy voit Jeffrey comme celui qui peut l'aider parce qu'il a vu ses perversions les plus intimes. Ses sentiments pour lui sont devenus obsessionnels. Elle commence à développer de forts sentiments d'affection pour lui, très semblable aux sentiments de transfert.

A la fin du film la chaîne cauchemardesque des événements entourant l'oreille est livré. La relation entre Dorothy et Jeffrey est rapidement terminée, il n'y a aucune discussion sur les effets pervers de leur relation. On termine sur l’allégorie : « l’oiseau de l’amour issu du rêve de Sandy et l’insecte noir tiré des cauchemars éveillés de son fiancé ».

Même si le générique et l’image du jardin répondent strictement au début du film, rien ne certifie le retour du même. Le Paradis, jardin de l’Après, remet toujours en question l’Eden, jardin de l’Avant.

En espérant que cette article vous donnera envie de voir ou revoir Blue Velvet.

Votre regard de spectateur apportera au film de la candeur ou de la perversion... ou plutôt, si vous êtes assez raisonnable, les deux à la fois.

« Tu as mis ton mal en moi »,
dit Dorothy à Jeffrey, avec reconnaissance.