TARENTULE
Une expression originale, je pense qu’elle est tout à fait adaptée au milieu BDSM.
L’origine de cette expression
Ceux qui boivent du vin, savent qu'au fond des bouteilles, on peut trouver un dépôt spécifique des boissons fermentées, la lie. (Si une bouteille est bue jusqu'à la lie, c'est donc qu'elle a été complètement vidée).
Quant à ceux qui aiment passer une partie de leur dimanche matin à l'église, savent que le calice est la coupe, le récipient dans lequel le prêtre verse le vin de messe et qu'il se fait ensuite un devoir de le consommer intégralement ; donc jusqu'à la lie.
Le calice désigne la Passion ou le sang du Christ. Mais il représente aussi la colère de Dieu c'est-à-dire : un châtiment déjà pénible à subir et qui devient réellement insupportable s'il faut aller jusqu’au bout.
Au milieu du XVIIe siècle, par extension, le calice désignait une épreuve cruelle. Et de là est née l'expression :
« Boire le calice jusqu'à la lie »
Que veut dire cette expression ? Elle suggère implicitement qu’il faut souffrir une humiliation, une douleur, un malheur dans toute son étendue.
C'est-à-dire
- Souffrir jusqu'au bout un mal ou une douleur.
- Subir une humiliation complète.
- Supporter une épreuve pénible jusqu'à son terme.
- Assumer les conséquences désastreuses de ses actions.
- Se résigner à faire, à souffrir ce que l’on ne peut empêcher.
Je pense qu’en tant que soumis cette expression doit vous parler …
Citations
Il a bu jusqu'à la lie le calice de la passion, il n'en a jamais laissé perdre une seule goutte. (BOSSUET , 1er sermon, Passion, 1)
Ils boivent jusqu'à la lie toute l'amertume de leur calice. (MASSILLON, Myst. Soum)
Quoi ! du calice amer d'un malheur si durable Faut-il boire à longs traits la lie insupportable ? (VOLT. , Alz. V, 3)
Souvent las d'être esclave et de boire la lie De ce calice amer que l'on nomme la vie.
(A. CHÉN. , Élégie XXXVI)
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel : Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel.
(LAMARTINE, Médit. L’Automne)
à votre santé !
Je n’avais pas assez prêté attention à cette expression jusqu’à présent, merci de l’évoquer dans une rubrique BDSM où elle a toute sa place.
Pourquoi boire de la sorte le Calice ?
Pourquoi accepter une souffrance de laquelle on pourrait sans doute se soustraire ?
_Par devoir ?
_Souci d’aller au bout d’une épreuve pour « avancer » ? Par curiosité ?
_Par esprit de sacrifice ?
_ …?
On peut je pense retrouver tout ceci dans le monde BDSM.
_Devoir lié à son statut d’esclave.
_Curiosité de la personne qui en acceptant de se donner est aussi avide de découvrir les chemins interdits et/ou douloureux où on l’emmènera.
_Sacrifice de soi, désir de s’offrir à l’autre, de lui prouver par les épreuves surmontées la sincérité de son don, la réalité de l’offrande.
Je n’ai jamais connu de jouissance physique sous la douleur et pourtant je la recherche… quand elle m’est infligée par celle à qui je me suis donné, ne fut-ce que le temps d’une soirée.
Parmi les causes me faisant rechercher (parfois) les traitements douloureux en figure une que je n’avais pas imaginée avant de la vivre.
Lors des rares occasions qui m’ont été offertes d’être sous la loi d’une femme sadique j’ai connu des douleurs dépassant ce que je croyais pouvoir accepter, et pourtant je les ai acceptées. Je me souviens de ces instants où je priais intérieurement pour que le supplice cesse, pour qu’elle réalise qu’elle allait trop loin, je me souviens que je me refusais obstinément de crier grâce pour ne pas décevoir, pour qu’elle ne puisse douter de la sincérité de mon don, de la réalité de mon désir d’être sien, même de façon éphémère.
Quand la douleur se faisait trop forte je songeais à ce don, ce sacrifice, je songeais que plus je souffrais plus je méritais d’être sien. J’ignorais ce que ce calice contenait de lie mais je voulais lui montrer que j’acceptais sa volonté aussi cruelle fut-elle.
Boire le Calice jusqu’à la lie était bien ce que je vivais.
Ce calice avait un « C » majuscule, il revêtait pour moi un caractère que je voulais sacré. Je voulais aussi intérioriser le fait qu’il était de mon devoir de subir.
En allant au bout de ces épreuves j’en ressortais beaucoup plus soumis, comme si une grande soumission était la seule issue possible à un comportement qui sans cela paraitrait irrationnel.
Ainsi ma posture masochiste correspondait parfois à un désir de renforcer ma soumission et dans ces cas là boire le Calice jusqu’à la lie était primordial.
Je ne suis pas certain d’avoir su bien trouver mes mots, j’espère que ce commentaire n’aura pas été trop long ni hors sujet.
Bonjour Acetos,
Merci d'avoir partagé ces instants intimes, ils illustrent très bien l'article !
et surout contente de lire émois et ressentis de votre part ...
Quand le vin est tiré, il faut le boire !