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  • : L’univers BDSM est très riche, il est comme un arbre avec différentes ramifications diverses et variées. Je vous invite à partager quelques thématiques et vous souhaite une bonne visite. Que votre lecture soit attisée par ma webtoile. SMment, Tarentule
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http://static.blogstorage.hi-pi.com/photos/nasrichelbi.blogspace.fr/images/gd/1221734114/pour-commencer-je-suis-gloves-fetish.jpgDans cet article les thèmes de l’inceste et de l’hystérie masculine vont être abordés d’un point de vue littéraire.

L’inceste fait partie des déviances sexuelles, je ne vous rappellerai pas au combien il est DETESTABLE, et le nombre d’adjectifs qualificatifs que je pourrai employer serait bien vain devant la MONSTRUOSITE de l’acte qui détruit mentalement et physiquement un individu.

Petit point sur l’hystérie masculine : C’est l’amour qu’éprouve l’adolescent à l'égard du père, le père idéalisé, il est en quelque sorte l'acteur principal, un véritable héros. En fait, ce qui se dissimule sous cet amour, c'est la haine et le désir de la mort du père.

Georges Bataille (1897 -1962), Essayiste français, théoricien de la philosophie et romancier, souvent appelé le « métaphysicien du mal ». Bataille est intéressé par le sexe (il est surtout connu pour avoir écrit des livres érotiques), la mort, la dégradation et la puissance et le potentiel de l'obscène. Ma Mère est un roman publié à titre posthume en 1966. Il fut considéré comme inachevé. En réalité, Bataille n'a pas fini la transcription du manuscrit final, mais a accolé deux manuscrits l'un après l'autre (le manuscrit "vert" et le manuscrit "jaune") de sorte que le texte possède un dénouement et une fin acceptable.

Dire de ce roman qu’il est pervers, débridé et scandaleux semble une évidence indéniable. Les rapports de cette femme avec son fils sont infâmes et indécents. Mais, derrière le dégoût de soi et l’ignorance des règles de la morale, se dessine une œuvre d’une rare puissance et d’une exceptionnelle beauté.

Cette œuvre laisse se répandre l'énergie sexuelle pour mieux défier les normes morales et sociales, libérer le désir en poussant celui-ci à son point de négation et d'animalisation : telles sont les grandes directions possibles pour une relecture de l'œuvre déroutante de Georges Bataille. Enquêter, encore et toujours, sur la puissance érotique du regard, sur le jeu complexe des mécanismes œdipiens, sur la rage de vivre et de désirer qui émane de l'écriture de Bataille. Ce livre qui met en scène deux personnages principaux, un fils (Pierre) et sa mère (Hélène), il peut se lire sur deux niveaux. Écriture par Bataille du fantasme de Pierre, écriture par Bataille de son propre fantasme.

Bataille amène peu à peu les lecteurs dans un entonnoir, un trou de serrure où un seul œil perçoit les scènes érotiques, les convulsions, les odeurs des corps. Un œil qu'on cache par pudeur tandis que l'autre demeure ouvert, attiré par la débauche : « Qu'avais-je à faire en ce monde sinon d'oublier la fulguration qui m'avait aveuglé quand ma mère était dans mes bras ». Aussi, la matière et l'objet ne font plus qu'un. Jamais Bataille ne donne le moindre répit à la frénésie des corps, des émotions, des conventions morales, des transgressions. Le lecteur est tenu en haleine, comme on capture un animal pour le relâcher ensuite.

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Pierre âgé de dix-sept ans éprouve un amour inconcevable à l'égard de sa mère. Celle-ci, ne pouvant assumer cette attirance immorale, l'entraîne dans les entrailles de ses débauches et de ses excès. Il découvre, au travers des soirées arrosées de sa mère, la perversion incarnée dans toute sa féminité, et devient alors un objet érotique lors des rapports saphiques qu'entretient sa mère, Hélène. C'est en découvrant les photos pornographiques de ses parents, qu'au fur et à mesure, Pierre, ruisselant de douleurs lascives, s'expose à l'animalité : il se révèle être comme un porc roulant dans sa fange. Cris et torsions de jouissance n'évoquent rien d'autre que l'égorgement d'un animal voué à la mort.

« Ta loque de père fut-il un homme ? » Le livre s'ouvre sur la mort d'un père ivrogne et noceur, bouffon, père défaillant, haïe du fils, en un mot intrus. « En 1906, j'avais 17 ans lorsque mon père mourut ». « Pieuse jubilation », « apaisement», « bonheur », voilà ce que cette mort suscite chez un fils soudain ébranlé par la gravite et le déséquilibre d'une mère en deuil.

Oedipe opère : le père de Pierre n'a pas retrouvé sa place dans la hiérarchie familiale, à cause des excès et de la rage libidineuse de sa mère : « Souvent, je revenais avec deux filles dont l'une faisait l'amour avec ton père et l'autre avec moi. Parfois les filles amenaient des hommes et je m'en servais. Parfois même le cocher... Chaque soir devait me procurer les personnages d'une orgie nouvelle, puis je battis ton père, je le battais devant les autres. Jamais je ne me lassais de l'humilier, je l'habillais en femme, je l'habillais en pitre et nous dînions. » L'inexistence du père et de son rôle patriarcal n'a pas permis à Pierre de refouler son attirance extrême qu'il voue à sa mère. Le pouvoir de sa féminité a détruit le mâle, dont la dimension paternelle est désormais inutile.

« Tu es trop jeune, lui dit-elle, et je ne devrais pas te parler mais tu dois te demander si ta mère est digne du respect que tu lui montres. Maintenant ton père est mort et je suis fatiguée de mentir : je suis pire que lui ! »

A ce « Je suis pire que lui », traduisons le par : je suis plus... que lui, j'existe plus que lui ou encore je suis plus (Homme) que lui, je suis « Mère-Toute ». Par cet énoncé qu'il prête à sa mère, Pierre la place d'emblée au delà du rêve de symétrie souvent mis en avant par l'hystérique. Mais « pire » signifie non seulement « plus » mais « plus mauvais », dans le fantasme de Pierre, sa mère ne peut revendiquer ce « plus », qui la constitue en rivale du père, sans le payer de culpabilité. Ceci implique qu'elle ne puisse assumer cette compétition que dans la fange et dans l'angoisse. Ainsi reconnaît-il par là l'usurpation et le mensonge de sa mère. Pour lui, c'est donc bien de sa position de mère et de mauvaise mère qu'elle peut venir l'interpeller, le sommant de la reconnaître pour ce pire qu'elle prétendra soutenir dans sa misère et dans sa folie. « Je ne veux de ton amour que si tu sais que je suis répugnante et que tu m'aimes en le sachant ». C'est « immonde » qu'elle veut que son fils la voie et la respecte, « obscène, graveleuse et sournoise », aimant son indécence et son ignominie jusqu'au fond de l'horreur et de la souffrance, jusqu'à la mort.

« Je sais que je mens », chez Bataille débauche et ignominie sont des moyens d'atteindre la limite, l'extase, le ravissement.

« Tu sais maintenant que le désir nous réduit à l'inconsistance. Mais tu ne sais pas encore ce que je sais… ».C'est de cette position de savoir qu'elle adresse sa confession à Pierre, mais c'est aussi le centre de l'aveu qu'il entend d'elle : il y a quelque chose qui ne peut se dire et qu'elle sait. La reconnaissance par la mère d'un impossible à dire, qu'elle sait, ne peut que faire appel, en retour, chez le fils, assimilé ici à un véritable partenaire, à un désir de savoir. De savoir, ce qui cause son désir, c'est-à-dire l'objet. Sa mère est susceptible à la fois d'être en position d'objet cause du désir et d'objet du désir.

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Cette complicité obscène que nourrit Hélène avec son fils n'offre à celui-ci aucun moyen de s'échapper de sa prison fangeuse : « j'ai signé un pacte avec la démence, et cette nuit, c'est ton tour, c'est ton tour de signer ». Pierre est le jouet érotique des relations tribades (frottements lesbiens) de sa mère. Il se complait dans les contradictions émotionnelles. A la fois la haine, l'amour, la terreur, le bonheur, la vie, la mort, la grâce, la disgrâce... Pierre ne sait qu’elle relation elle lui propose. Une relation où elle reprendrait avec lui le même scénario qu'elle a noué avec le père. Mais lui seul, parce qu'il est son fils, et qu'elle lui accorde, peut lui donner « ce bonheur de trembler » bonheur, dira-t-elle, absent de tous ses autres excès. En un mot, il est le seul à pouvoir lui manquer. Il se demande également s’il peut rejouer avec elle la pièce qu'elle a ratée avec le père, avec l'avantage, pour lui, d'y acquérir le statut de vrai « Homme ».

Pierre est aveuglé par l’illusion d'un impossible désir avoisinant la mort et la rage. Il cherche, comme sa mère, son plaisir dans les femmes (préservant ainsi La Femme), magnifier cet autre monde où sa mère l'attire et le retient et surtout chercher à tuer/ne pas tuer la femme. « Elle se tint devant moi, me défiant, riant de voir mes lèvres barbouillées de rouge ». Ses femmes : les deux amantes de sa mère, Réa, Hansi. Elle les lui offre, elle le leur prête. Ainsi ballotté, traîné d'Hansi en Réa, il aspire à l'impossible, à « la sainteté de la jouissance charnelle », « à l'abolition des limites », à « la démesure », à « la démence de l'amour ».

Pierre cherche à tuer / ne pas tuer la femme. Dans une des scènes Pierre s'adresse à Hansi (sa deuxième maîtresse), « Métaphore de la ménagère et du lapin », voici ce qu'il lui dit :

« Un homme amoureux, quand la fille va céder, ressemble, aussitôt qu'il le sait, à la ménagère qui regarde comme un trésor le lapin qu'elle va tuer.
- Je suis si malheureux, lui dis-je, d'avoir à vous tuer. Ne suis-je pas obligé d'être malheureux ?
- Vous êtes si malheureux ?
- Je rêve de ne pas vous tuer. »

On peut transcrire ici, Je rêve de ne pas vous tuer en : je rêve de ne pas vous baiser. On retrouve ici le trait essentiel de toute hystérie masculine : la peur du coït avec la femme. L'homme hystérique veut à la fois « tuer la femme » et « ne pas la tuer », car pour lui, la tuer c'est la faire jouir, c'est l'amener à ce point de bascule que Bataille a nommé « la petite mort ».

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A la fin de l’œuvre, on peut être surpris d'apprendre que la mère est été tuée par un baiser de Pierre sur sa bouche. Alors que celle-ci se suicide en prenant un poison. C'est en effet l'hypothèse que, Pierre, fait sur la mort de sa mère. « Peut-être mourut-elle d'avoir cédé à la tendresse du baiser sur la bouche que je lui donnais. Ce baiser, dès l'abord, me révolta, et je ne cesse pas d'en grincer des dents. La mort que ma mère se donna le jour même m'en sembla si bien l'issue que je ne pleurai pas ».

Ainsi se dévoile un élément central du fantasme de Pierre: « Tuer = Baiser », qui se traduit par : « Tuer la femme en la baisant / Tuer la mère par ce baiser ». Mais par ce baiser sur la bouche qui tua la mère (dans le fantasme), Pierre a tué son père. On est en plein hystérie masculine : « Je puis me dire que j'ai tué mon père: peut-être mourut-elle d'avoir cédé à la tendresse du baiser sur la bouche que je lui donnais ».

Une autre métaphore utilisée par Pierre pour illustrer son rapport avec une femme qui va céder (Hansi en l'occurrence).

« La ménagère et le lapin », représente le coït, la ménagère se trouve en position d'homme et le lapin en position de femme. Il y a donc une inversion des rôles masculin /féminin. Dans le coït, c'est l'homme qui meurt, et si nous gardons l'équivalence chère à Bataille, jouir-mourir, ce qui veut dire : dans le coït, c'est l'homme (symbolisé par le lapin) qui jouit en position de femme.

Métaphore 

« Tuer la femme en baisant »

Femme/Lapin - Homme/Ménagère
Homme/Lapin - Femme/Ménagère

Ce qui nous mène à :

« Tuer l’homme en baisant »
« Tuer l’homme en baisant la femme »

Si l'on remplace « femme » par « mère » et « homme » par « père », on va donc passer de tuer l'homme en baisant la femme à « Tuer le père en baisant la mère ».

Qui nous amène à: 

- « Tuer-baiser »
- « Tuer la mère par un baiser »
- « Tuer la femme en baisant »
- « Tuer l'homme en baisant »

 enfin
– « Tuer l'homme en baisant la femme »

et
– « Tuer le père en baisant la mère » (= hystérie masculine)

Dans une autre scène Pierre a les lèvres barbouillées de rouge, (trace d'un baiser avec Réa), il se voit dans le miroir. « Il se voit femme ». Le fantasme « Tuer-Baiser pourrait » venir de là, Pierre n'ayant pu dans la glace s'identifier à son « corps-homme », faute d'une reconnaissance par le regard de la mère.

Corps-homme tué dans le miroir. « Jamais tu ne sauras, jusqu'au dernier instant, si je riais de toi », défi qu'avant de prendre le poison elle lui lance, venant ainsi raviver le souvenir de la scène. Dans ces paroles le mythe d'œdipe et l'inceste sont plus prononcés, car dans les deux cas, il s'agit de meurtre du père et d'inceste avec la mère. Mais si dans le mythe, œdipe tue d'abord son père puis épouse sa mère, dans le fantasme, non seulement c'est dans l'inceste avec la mère que le père meurt, mais il y a aussi l'identification de Pierre à la femme dans le coït. (On est dans le fantasme hystérique). Cette question que pose Pierre, nous la retrouvons d'ailleurs dans la métaphore qui nous mène de « Tuer » (Tu es/es-tu) la femme en baisant à « Tuer » (tu es/es-tu) l'homme en baisant. C'est la question que se pose tout hystérique : suis-je un homme ou suis-je une femme ?

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Terminons sur l’ « Interdit » et l’ « Impossible », notions qui traversent de part en part la vie et l'oeuvre de Bataille et qui renvoient à la question de l'hystérie ou de la perversion.

Si l'on reste au niveau du fantasme de Pierre, on pourrait dire, en jouant sur les mots, que dans Ma Mère, l'interdit de baiser s'est transformé en impossible baiser. La question de l'interdit de l'inceste (inceste avec la mère), interdit ancré dans la loi, est pourtant présente dans le texte, c'est la mère qui s'y confronte et ceci dans l'écrit.

Dans une lettre qu'elle envoie d'Égypte à son fils, elle la signe d'un nouveau prénom : Madeleine, cette mère crie sa relation incestueuse et sa jouissance. « Nous avons été un peu loin, disait-elle, et si loin qu'à présent je ne puis plus te parler comme une mère... Ce n'est pas seulement de souffrance et de gémissement qu'il s'agit, mais du joyeux délire qui nous portait quand les mains dans les mains nous nous regardions... Ce qui te lie à moi, ce qui me lie à toi, est désormais lié jusqu'à l'intolérable et nous sommes séparés par la profondeur de ce qui nous lie. »

La seule confrontation avec l'interdit, la seule transgression de l'interdit, le seul inceste avec la mère, s'opère dans et par l'écrit. La mère son impuissance des mots à dire sa jouissance: « ça ne peut pas ce dire ». « T'écrivant je comprends l'impuissance des mots, mais je sais qu'à la longue, en dépit de leur impuissance, ils t'atteindront. Tu devineras quand ils t'atteindront ce qui ne cesse pas de me renverser : de me renverser les yeux blancs. Ce que des insensés disent de Dieu n'est rien auprès du cri qu'une si folle vérité me fait crier ». Et plus loin elle écrit : « T'écrivant je sais que je ne puis te parler, mais rien ne pourrait faire que je ne parle pas ».

Pour conclure, une phrase de Georges Bataille qui décrit l’hystérie masculine :

« Je me jette à l'impossible sans biais : livré aux autres - uni intimement – écrivant ventre nu. Comme une fille révulsée, les yeux blancs, sans existence personnelle ».



Par Tarentule
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