Il faut partir du principe que la folie ou la tare génétique ne suffit pas à expliquer la cause du sadisme.
Chez l’individu normal, les pulsions perverses infantiles se résorbent à la puberté et n’interviennent que d’une
manière très atténuée dans le comportement sexuel. Ainsi, des traces de sadisme subsisteront dans les manifestations de tendresse : embrassement énergique, mordillement…
Chez l’adulte pervers, le sadisme s’explique par le développement excessif de l’agressivité de la pulsion
sexuelle. Dans cette perspective, on ne devient pas sadique, on le demeure.
Pourquoi certains le demeurent-ils ?
La théorie pure répond mal à cette question. En effet, l’évolution vers le sadisme dépend beaucoup des évènements
de l’histoire personnelle et certaines péripéties de la vie infantile prédisposent à confondre volupté et cruauté.
Un stade naturel ?
Pour Freud, le sadisme n’est pas contre-nature. Avant la puberté, la sexualité normale est une addition de
pulsions «perverses». Ensuite, si tout se passe bien, ces pulsions se résorberont dans une libido dont la satisfaction sera l’union génitale avec un partenaire de sexe opposé. Pendant l’époque où
ces pulsions dominent, l’enfant ne cherche pas à faire souffrir, mais à dominer. Si éventuellement sa «cible» souffre, il n’y est pas sensible. Cette forme préliminaire de l’amour se distingue à
peine de la haine dans son comportement vis-à-vis de sa «cible».
Le sadisme se définit comme étant la passion de contrôler totalement l'autre, pour en faire son objet, sa propriété, en suscitant chez lui un attachement absolu, le fait de réduire l'autre en esclavage procurant un plaisir morbide intense.
Le sadique et son objet le masochiste, cherchent une relation de symbiose :
le sadique fait du masochiste un prolongement de lui-même, et le masochiste se fait le prolongement du sadique.
Et, si le sadique paraît libre, par rapport à sa victime, en réalité il est également une victime, car ayant
besoin d'elle pour exister psychiquement, il dépend autant d'elle qu'elle dépend de lui. Dans ces conditions, si l'esclave échappe au maître la souffrance du maître est aussi forte que celle de
l'esclave, l'un et l'autre sont dans un état de manque comparable à celui d'un drogué frustré.
C'est une subtilité que peu de gens comprennent ... que soit dans le milieu BDSM et surtout vanille. Par sa nature
même le sadique est cruel, il méprise et tourmente psychologique et physiquement. Dans le contexte de jeux BDSM, un bon Dominant sadique prend soin de son masochiste et surtout il le respect et
le choie plus qu'on ne peut l'imaginer ...
Le masochisme, par rapport au sadisme, peut être défini comme étant la passion de dépendre de quelqu'un, de subir
sa loi, d'être son objet, sa propriété, pour y trouver un plaisir morbide suicidaire.
Il y a deux types de sadisme : bienveillant ou
malveillant
Il est bienveillant lorsque le sadique est persuadé d'agir pour le bien de celui qu'il contrôle : par exemple, les mères abusives (il y a toujours une explication ...). Il est malveillant lorsque le sadique ne fait que rechercher sa jouissance personnelle.
Divergences psychanalytiques
Selon l'école psychanalytique, fondée par Sigmund Freud (1856-1939) le sadisme est fondamentalement une perversion
sexuelle alors que pour les autres écoles psychologiques le sadisme n'a pas d'implication sexuelle spécifique.
Selon Fromm (1900-1980) , le sadique est quelqu'un qui est fondamentalement angoissé. Il a peur de tout ce qui
n'est pas prévisible et certain, de tout ce qui oblige à des réactions spontanées et originales. Il a peur de ce qui est nouveau et différent, qui dérange sa construction mentale, irréelle, mais
bien ordonnée, de la vie. Il a peur de la réalité qui lui semble désordonnée.
Le sadique est un maniaque du contrôle, qui a un esprit méthodique rigide. Il ne peut pas supporter que les choses ne soient pas à leur place, c'est à dire à la place où il les a mises, et ne soient pas en ordre : il a, ainsi, l'impression de contrôler l'espace. Il est habituellement excessivement ponctuel, et exige qu'on le soit : il a, ainsi, l'impression de contrôler le temps. Mais il peut aussi ne jamais être ponctuel et exiger que les autres le soit, ce qui est une autre forme de perversité. Il est obsédé par la propreté des autres, notamment par leur propreté morale, tout en n'étant pas nécessairement très propre lui-même : il se situe ainsi en marge d'un monde qu'il n'apprécie pas et qu'il pense hostile et sale.
Pour Fromm, le sadisme est une thérapeutique, c'est le remède des handicapés psychiques qui, pour cacher leur
angoisse de vivre, ont la manie du contrôle, c'est pourquoi certains auteurs comparent le bureaucratisme au sadisme.
(le caractère bureaucratique est l'équivalent du caractère sadique. Dans un
système bureaucratique classique les relations entre les éléments du système obéissent au principe hiérarchique rigide qui ne laisse aucune initiative aux subalternes, dont les agissements sont
totalement contrôlés, et qui ne peuvent "monter en grade" qu'à condition d'être "bien vu" de leurs chefs, qui eux-mêmes doivent être "bien vu" de leurs chefs, qui eux-mêmes ... et cela jusqu'au
sommet de la hiérarchie.)
Toujours selon Fromm dans un système bureaucratique classique, où chacun contrôle étroitement ses inférieurs et
est étroitement contrôlé par ses supérieurs, les relations sociales sont dominées par la méfiance, le mépris et la flatterie, la rancœur et l'esprit de vengeance, sentiments hautement
sadomasochistes.
Une grande majorité de personne vivent dans un système bureaucratique.
Et sans nous en rendre compte nous devenons le masochiste d'un sadique dans la vie professionnelle (et
inversement).
... à méditer
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